Mon parrain avait répondu favorablement à la
demande adressée par mon père en novembre 1948,
il acceptait de me prendre pour filleule. Cette lettre
dont je ne vous montrerai que l'introduction, est un
peu délicate pour moi, s'adressant à mon seul père,
qui seul avait écrit, et nous renvoie à un temps
où l'épouse, la future mère n'avait guère encore de
place sociale véritable.
Plus loin, dans sa longue et belle lettre mon futur
parrain recommande que l'on prenne bien soin
de Philippe.... car,..pour mon père, il ne pouvait en
être autrement, ce serait un garçon....
Perdu...
Mon parrain Elie aimait cette sainte Françoise
Romaine dont finalement on me donna le nom,
faute du Philippe attendu ; née le 28 février, jour de
la Saint Romain, Sainte Françoise Romaine le 9
mars, c'etait judicieux. Et pratique, on souhaitait le
tout d'un coup. Il marquait fidèlement ma fête, avec
des livres aux pastel délicats , et des lettres
d'une haute valeur morale. ( Le Buffon des enfants,
Diki
Anémone aux pays des Etoiles,
le Rêve de Jean -François ... avec les illustrations
de Jean .A.Mercier aux Editions Marcus- Paris
livres que j'ai pieusement conservés et qui m'ont
tant fait rêver ) et des textes poétiques
magnifiques écrits de sa main qui évoquaient cette
veuve romaine qui s'était consacrée aux pauvres ,
et aux malades, fondatrice des Oblates de Saint
Benoît, dans la tradition de la règle bénédictine.
Elle mourut le 9 mars 1440 , jour choisi pour la
célébrer. Patronne des automobilistes, certainement
du fait qu'elle était toujours accompagnée de son
ange gardien.
Parmi les Françoise , des amies de ma génération ,
puis dans la Grande Histoire Françoise
d'Aubigné, veuve Scarron, devenue Madame de
Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV,
plus proches de nous, Françoise Fabian, Sagan,
Hardy, Dorléac, Dolto, Rosay, Seigner...
Notre prénom est tombé en désuétude, on ne voit
guère de petite fille ainsi prénommée
( sauf dans Le Prénom "..... )
La mode revenant aux prénoms anciens,
les Louise, Madeleine Jeanne, Eugénie, Marguerite,
Suzanne, Mathilde, Violette, refleurissent, peut-
être un jour les Nicole, Brigitte... , Monique,
Chantal, Francine et Françoise ?
De mon parrain , je sais peu de choses.
Il était mon parrain, je le respectais, il me
paraissait étrange , complexe, secret comme les
vastes étendues de pins et de chênes qui cernaient
sa demeure.
Il portait béret landais et costume noir.
Il parlait avec un accent qui à la fois chantait
et roulait. Je le voyais souvent chez nous à
Arcachon, qu'il aimait infiniment . Parfois, nous
allions lui rendre visite le dimanche.
Un véritable exotisme pour moi , que cette Haute
Lande,
la petite commune de Lüe, une vaste demeure aux
murs de chaux, dans lesquels les poutres de pin
dessinaient des triangles, des losanges noirs,
demeure précédée de l'airial traditionnel aux
maisons landaises planté de chênes centenaires,
un puits de pierre à la limite de la forêt qui de
toutes parts formait l'unique paysage.
Mais le plus merveilleux, c'était lorsqu'on pénétrait
dans l'ombre bienfaisante de la maison en ces
chaudes et lourdes journées de l' été landais ,
entêtées du parfum de résine chauffée à blanc,
une autre odeur, tenace, d'âtre séculaire, d'encre,
de papier, et des livres, partout, amoncelés,
rangés, classés, ou dressés par piles à même le
parquet de pin, désordonnés , des livres anciens
reliés pleine peau, chagrin mordoré, marocain,
et vélin d'autres temps. Mon parrain était, comme
on disait alors, un « fin lettré » , un humaniste à la
manière de Montaigne et qui vivait en sa
« librairie », un poète caché au fond de sa forêt ,
félibre, poète en langue d'Oc. .
Spécialiste de la langue d'Oc et du parler haut-
landais, il publia dès 1923 Félix Arnaudin poète
et photographe spécialiste de la Haute Lande, né et
mort à Labouheyre 1844 - 1921 ,
Choses de l'ancienne Grande Lande,
La Baronnie de Labouheyre
s' intéressa au fonds patrimonial des Landes dans
le cadre de la Société de Borda, publia sur les
traditions, la généalogie, l'architecture ,
le régionalisme.
MENAUT (Élie), Artes Fides, En marge de l’Exposition Mariale France-Espagne du musée pyrénéen, Auch, 1958 MENAUT (Élie), Contribution landaise au centenaire de la réunion de la Savoie à la France, (1860-1960), Auch, 1960 MENAUT (Élie), Évolution de l’âme grand’landaise, Extrait du Bulletin de la Société de Borda, 1961 MENAUT (Élie), Le culte des fontaines dans les Landes, Extrait du Bulletin de la Société de Borda, 1960 MENAUT (Élie), Perspectives Mistraliennes, (De la Renaissance de l’Amour Courtois au Recours à la Poésie), (Conférences des 18 et 25 février 1932 du groupe d'études historiques de Nice MENAUT (Élie), Notice historique sur Bouricos, bulletin de la Société de Bordas, 1955 MENAUT (Élie),Rencontres de jadis, foires-pèlerinages d'aujourd'hui , bulletin de la Société de Bordas 1964
Il vénérait Frédéric MISTRAL,
et en son souvenir , il donna à sa maison de la ville
d'Hiver à Arcachon le nom de Santo Estello , Sainte
Estelle , sainte patronne des Provençaux.
Nous habitâmes Santo Estello jusqu'en 1969.
Il avait trois amours,
ses Landes la Provence et Arcachon .
« Je plains les gens qui vont chercher aux quatre
cents diables un exotisme frelaté. Le bassin
d'Arcachon leur offre tous les résumés de la vaste
terre . "
J'avoue que toute les françoise que je connaisse ou que j'ai connu étaient toutes dignes d'intérêt et je les apprécie beaucoup notamment pour leur amitié sincère....
RépondreSupprimerBonne fête à toi
Bisous
Anita
Après un si bel anniversaire, bonne et Joyeuse fête Françoise.
RépondreSupprimerJe vous embrasse
Jeanne
bonne fête en retard mais sincére
RépondreSupprimerje comprends ton amour des lettres,des livres et de l'histoire
tu as baigné dans l'univers de ce parrain je pense que tu pourrais en écrire beaucoup sur ce personnage
Brigitte
Merci Brigitte . J'ai bien peu connu mon parrain, très âgé et disparu en 63, j'avais 14 ans.
SupprimerMais j'ai conservé le souvenir que j'ai décrit dans ma note. Bonne soirée à toi.