C'était il y a presque 65 ans ...février 56.
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Pas d'école en ce jeudi, ciel bas et terne, lumière
tirant sur le jaune. Je ne connaissais pas, habituée
que j'étais à la clarté lumineuse du bassin
d'Arcachon, aux grisés bleus de l'hiver calme et doux
sur les grèves atlantiques.
Ce jeudi là, tout était différent :
les premiers flocons voltigèrent vers midi,
légers,
légers,
inhabituels sur mon coin d'océan.
Légers,
légers,
légers,
puis plus denses, serrés, prenant du poids et des
rondeurs, de plus en plus palpables.
Le nez collé à la verrière du studio, comme on
appelait ce petit salon donnant à l'est, tout vitré,
je regardais ma première vraie neige, espérant
secrètement qu'elle ne s'arrêterait jamais.
Jamais,
je priais au fond de moi, car la prière c'est l'avenir
au présent, je n'osais le dire car mon papa montrait
des signes d'énervement, semblait contrarié par
cette atmosphère nouvelle. Toujours pessimiste, il
imaginait déjà quelque catastrophe.
La neige continuait, continua, et l'après midi, et la
soirée, . Vers 17 heures, un ami médecin dérapa dans
la côte de notre rue, et sa voiture s'immobilisa le nez dans un réverbère, juste devant chez nous.
« Bah, je la récupèrerai demain. Surveille - la »
lança-t-il goguenard à papa .
Le dîner fut électrique.
Maman "très enceinte" comme je disais, ne pouvait
calmer mon excitation, j'allais et venais de fenêtres
en verrière . La nuit , bleu marine, était scintillante
de ces mouches blanches qui commençaient à
imprimer leur graphisme sur ma rétine.
Je ne voyais plus qu'elles. Le coucher fut tardif.
Il neigeait .
Au matin, il me fut annoncé qu'il n'y aurait pas école.
Derrière les vitres, le spectacle le plus incroyable
m'attendait. l'avenue Gambetta, notre rue depuis la
terrasse de notre maison
Photo Jean Cottard , mon papa
Le jardin n'existait plus, nivelé, englouti,
la chaudière à charbon ne tirait pas, comme
étouffée par l'atmosphère sans vent, enserrante.
Il faisait froid dans la maison, mais mon cœur
battait d'une brûlante chamade. Il neigea tout le
vendredi. Au matin du samedi, la ville n'était plus
qu'un gigantesque champ uniforme, d'une blancheur
qui m'était inconnue.
cours Lamarque
avenue Gambetta, devant le garage Villenave Dufourg
Monsieur Villenave prend une photo pour immortaliser ces journées incroyables.
angle rue du Casino /
cours Lamarque
Si j'avais dû la comparer à des sons, je l'aurais
qualifié de « stridente » aussi insupportable aux
oreilles qu'elle l'était à mon regard trop brillante,
trop ardente,.
La voiture de l'ami Gilles avait disparu sous une
gangue glacée. Elle resterait trois semaines au
même endroit, car pendant plus de 20 jours, nous
connûmes un froid sibérien : tuyaux d'eau gelés,
il fallait remplir de neige la baignoire pour
récupérer de l'eau , la faire bouillir...Pénurie de
charbon. J'ai usé un petit balai de paille pour le
simple plaisir de déblayer la neige des marches qui
descendaient au jardin. Nous, les enfants,si heureux
de ce cadeau du ciel, nous dévalions l'avenue
Gambetta avec des cartons en guise de luges;
et pour les grands, l'école reprit, bon an mal an.
Je conserve un souvenir extraordinaire : celui de
mon père chaussant ses skis de bois ,pour, avec un
ami du quartier, effectuer la descente vers le centre
ville le premier matin de paralysie, histoire de
remonter pain et lait à des Arcachonnais bloqués
dans leurs maisons totalement inadaptées à ce
climat. Le bassin charriait de la glace, les arbres
s'effondraient sous le poids , vous pouvez ne pas me
croire,mais de mes souvenirs, il demeure des traces
photographiques.
le bassin charrie de la glace entre les pinasses
boulevard de la Plage vers Saint Yves
depuis le balcon de la pharmacie Ardoin
rue du Casino
avenue Gambetta pharmacie Fleury
vue du balcon de l'étude de mon grand père
devant la mairie
place Thiers
Photos incroyables, (Léo Neveu )
collection personnelle et celles que Noël Courtaigne,
passionné des vieux clichés d'Arcachon m'a autorisé
à publier. (coll Ardouin )
et des photos personnelles dues à l'objectif de mon
papa. Authentique souvenir d'enfance, de ceux qui
vous laissent un goût de conte et d'irréel.
Tonton Robert déneige place Thiers
boulevard de la Plage
Gaby devant le Club 
L'Hôtel de France
Dans le parc du casino Mauresque
angle rue du Casino /
cours Lamarque
Si j'avais dû la comparer à des sons, je l'aurais
qualifié de « stridente » aussi insupportable aux
oreilles qu'elle l'était à mon regard trop brillante,
trop ardente,.
La voiture de l'ami Gilles avait disparu sous une
gangue glacée. Elle resterait trois semaines au
même endroit, car pendant plus de 20 jours, nous
connûmes un froid sibérien : tuyaux d'eau gelés,
il fallait remplir de neige la baignoire pour
récupérer de l'eau , la faire bouillir...Pénurie de
charbon. J'ai usé un petit balai de paille pour le
simple plaisir de déblayer la neige des marches qui
descendaient au jardin. Nous, les enfants,si heureux
de ce cadeau du ciel, nous dévalions l'avenue
Gambetta avec des cartons en guise de luges;
et pour les grands, l'école reprit, bon an mal an.
Je conserve un souvenir extraordinaire : celui de
mon père chaussant ses skis de bois ,pour, avec un
ami du quartier, effectuer la descente vers le centre
ville le premier matin de paralysie, histoire de
remonter pain et lait à des Arcachonnais bloqués
dans leurs maisons totalement inadaptées à ce
climat. Le bassin charriait de la glace, les arbres
s'effondraient sous le poids , vous pouvez ne pas me
croire,mais de mes souvenirs, il demeure des traces
photographiques.
le bassin charrie de la glace entre les pinasses
boulevard de la Plage vers Saint Yves
depuis le balcon de la pharmacie Ardoin
rue du Casino
au fond, le Casino Mauresque qui brûla en 1977
avenue Gambetta pharmacie Fleury
vue du balcon de l'étude de mon grand père
devant la mairie
place Thiers
Photos incroyables, (Léo Neveu )
collection personnelle et celles que Noël Courtaigne,
passionné des vieux clichés d'Arcachon m'a autorisé
à publier. (coll Ardouin )
et des photos personnelles dues à l'objectif de mon
papa. Authentique souvenir d'enfance, de ceux qui
vous laissent un goût de conte et d'irréel.
boulevard de la Plage
Gaby devant le Club 
L'Hôtel de France
Dans le parc du casino Mauresque
Je me souviens très bien de cette année-la. Mais il me semble qu'il avait davantage neigé sur le Bassin que chez nous en Lot-et-Garonne. Il est vrai que tout avait gelé. En tout cas de très belles photos.
RépondreSupprimerComme c'est impressionnant! Pas tant la quantité de neige - a laquelle je suis helas habituee - que la situation géographique qui aurait dû interdire un tel froid! Merci d'avoir partagé ces precieuses images!
RépondreSupprimerC'est vrai que ce temps là ne doit pas être courant chez vous, belles photos de neige et merveilleux souvenirs....
RépondreSupprimerBon W E, nous c e matin la pluie et la grisaille sont revenus ....
Amitiés
Anita
quels souvenirs, Merci!
RépondreSupprimerJe me souviens du message de l’abbé Pierre a la radio et l’élan de solidarité, de la générosité immédiates avec les dons de vêtements, couvertures...etc dans le hall de la radio en une journée (le lait gelait dans la cuisine). Ceci a duré du 1 au 28 février.
Souvenirs, souvenirs!
Bon soleil de mars. Je vous embrasse
Jeanne
hiver 1956 dans mon jardin dans la loire (st etienne à 5km) j' ai eu moins 25 en février presque TT le temps avec aussi près de 50 cms de neige !!
RépondreSupprimermerci d avoir remis ce beau reportage et ces magnifiques photos ng