lundi 25 février 2019

Chez Germaine, un parfum de nostalgie à Paris

     



 Déambuler  dans les  quartiers  qui me sont  si 


 précieux  prétexte à évoquer un  petit endroit qui 


n'est plus, à tout  le moins, qui n'est plus  celui que 


nous avons connu,     Madame  Germaine ?         


  disparue, elle  aussi ?  Son époux Fernand était 


mort dans les années 90 ,  le petit restaurant 


existe toujours mais n’est plus  cet endroit  qui nous


  a tant de tant  de fois accueillis pour des repas si 


sympathiques :       C'était comme  ça, chez Germaine, 


30  rue Pierre Leroux,   qui ne  connaissait pas  Chez 


Germaine ne connaissait pas  Paris !      c'était ainsi 


 que nous l'avons connu, ce minuscule restaurant du 


7° arrondissement, depuis 1953 , chez Germaine, on 


 ignorait le temps , quelques plats de ménage , 


concoctés avec amour,   sortis  tout droit des 


 marmites  de grand mère, on y mangeait très 


simplement  et délicieusement , comme au Bouillon 


Chartier, mais  de manière beaucoup plus intime et 


familiale,  au coude à coude, partageant  les 


conversations  des  voisins  de table et des habitués.    


 C'était là notre  cantine.     Quelle douce  nostalgie, 


quand   je  me rappelle les attentes  devant la  petite 


vitrine,  sous la neige, la pluie,  le vent ou dans le 


grand  cagnard parisien  de  juin !  





  Quelle douce nostalgie   que d'évoquer Madame 


germaine,   son grand   rondeau blanc ceinturant sa 


taille  large,  son   ton gouailleur  quand elle 


 montrait le bout  de  son nez pour annoncer " trois 


 personnes ! " devant la file impatiente  de rentrer au 


paradis.     Quand  l’annonce nous correspondait, 


nous  nous engouffrions  vite  fait, la table  libérée 


nous attendait, déjà Colette  l'avait  nettoyée et 


posait  deux  assiettes  blanches.     Son gentil  sourire


  accompagnait son affirmation,     "une demi-rosé ";  


 habitués, nous  étions, et Fernand  , le patron  ne  s'y 


trompait pas  , qui venait  faire  un bon  bout de 


causette  avec  nous, jamais  avare  de plaisanteries  


et de remarques savoureuse . " Quelle chance   vous 


avez d'avoir une jolie femme   " et nous  de rire    de 


bon cœur!     "Chez Germaine" était un lieu de 


rendez-vous,  des   lambris en  plastique, des 


placards -  glaciaires  en formica, petits  tables  de 


 bois et chaises bistrot, resto   100%  parisien, ardoise 


  griffonnée  à la craie, les habitués du quartier, le 


médecin  qui passait   vers  13 heures  30  se poser 


 devant  le  plat  du jour, un comédien  dont je 


reconnaissais  le physique  étonnant, des 


fonctionnaires  des ministères proches, quelques 


touristes égarés !  et bien sûr, les grands , ou les 


professeurs  de l'Institut des Jeunes Aveugles tout 


proche. Muriel   et son chien guide , couché  sagement


 à ses pieds, de  bruyants et joyeux  élèves...  La 


maison les connaissait par cœur, et si la carte n'était 


pas en braille, Colette prenait tout son temps pour 


détailler les propositions  du jour , et n'omettait 


jamais  de ramener les viandes découpées en petits 


morceaux pour ceux  qui avaient du mal avec leur 


couteau;   on mangeait dans un brouhaha  convivial 


qui parfois prenait tant d'ampleur  que  Fernand 


 attrapait la grosse cloche à vache pendue derrière la 


minuscule - caisse - comptoir, l'agitait violemment 


pour ramener un peu   de calme, c'était 


sympathique, chaleureux et tellement  délicieux !






  Entre  blanquette, pot-au-feu, bourguignon, 


brandade et clafoutis  crémeux inimitable et jamais 


 égalé, "chez Germaine" nous  a fait vivre, pour trois 


francs  six sous  des instants mémorables.  A deux, 


nos additions  tournaient autour  de 40 francs, pas   


de café chez Germaine,  ça prenait trop  de  temps, et 


il fallait libérer les lieux rapidement, car toujours 


 du monde attendait  devant la vitrine !  


On   retrouvait Fernand derrière  sa caisse 


enregistreuse, et c'était nous qui lui annoncions   ce 


 que nous avions  pris : il écrivait  le total au crayon à 


papier, et faisait toujours confiance à ses clients;


  Nous quittions  le lieu , enchantés, et remontions 


gaiement la rue de Sèvres pour un petit café serré au 


Duroc,


ou  au François Coppée, c'était rituel !





  Certains jours, disposant  de   davantage  de temps, 


nous poussions  vers la Seine  par la rue du Cherche -


Midi ou la rue Servandoni jusqu'à Saint Germain .     





Paris -Nostalgie.....la vie ne  repasse pas les plats, 


surtout ceux  de Germaine. La maison  a  été vendue, 


revendue, je n'y reviendrai guère, je n'y reviendrai 


pas. 



6 commentaires:

  1. Quel joli texte! On en a connus de ces lieux d'amitié et de fraternité... Certains survivent encore, mais d'autres, sont bouffés par la vie! Heureusement il nous en reste le souvenir impérissable!
    Belle journée, Fanfan!

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  2. On irai bien déguster notre repas dominical chez elle....
    Bon dimanche
    Anita

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    1. Chère Anita. Germaine C est terminé depuis longtemps. Et elle fermait le dimanche ! Il faut trouver autre chose pour le repas dominical

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