Déambuler dans les quartiers qui me sont si
précieux prétexte à évoquer un petit endroit qui
n'est plus, à tout le moins, qui n'est plus celui que
nous avons connu, Madame Germaine ?
disparue, elle aussi ? Son époux Fernand était
mort dans les années 90 , le petit restaurant
existe toujours mais n’est plus cet endroit qui nous
a tant de tant de fois accueillis pour des repas si
sympathiques : C'était comme ça, chez Germaine,
30 rue Pierre Leroux, qui ne connaissait pas Chez
Germaine ne connaissait pas Paris ! c'était ainsi
que nous l'avons connu, ce minuscule restaurant du
7° arrondissement, depuis 1953 , chez Germaine, on
ignorait le temps , quelques plats de ménage ,
concoctés avec amour, sortis tout droit des
marmites de grand mère, on y mangeait très
simplement et délicieusement , comme au Bouillon
Chartier, mais de manière beaucoup plus intime et
familiale, au coude à coude, partageant les
conversations des voisins de table et des habitués.
C'était là notre cantine. Quelle douce nostalgie,
quand je me rappelle les attentes devant la petite
vitrine, sous la neige, la pluie, le vent ou dans le
grand cagnard parisien de juin !
Quelle douce nostalgie que d'évoquer Madame
germaine, son grand rondeau blanc ceinturant sa
taille large, son ton gouailleur quand elle
montrait le bout de son nez pour annoncer " trois
personnes ! " devant la file impatiente de rentrer au
paradis. Quand l’annonce nous correspondait,
nous nous engouffrions vite fait, la table libérée
nous attendait, déjà Colette l'avait nettoyée et
posait deux assiettes blanches. Son gentil sourire
accompagnait son affirmation, "une demi-rosé ";
habitués, nous étions, et Fernand , le patron ne s'y
trompait pas , qui venait faire un bon bout de
causette avec nous, jamais avare de plaisanteries
et de remarques savoureuse . " Quelle chance vous
avez d'avoir une jolie femme " et nous de rire de
bon cœur! "Chez Germaine" était un lieu de
rendez-vous, des lambris en plastique, des
placards - glaciaires en formica, petits tables de
bois et chaises bistrot, resto 100% parisien, ardoise
griffonnée à la craie, les habitués du quartier, le
médecin qui passait vers 13 heures 30 se poser
devant le plat du jour, un comédien dont je
reconnaissais le physique étonnant, des
fonctionnaires des ministères proches, quelques
touristes égarés ! et bien sûr, les grands , ou les
professeurs de l'Institut des Jeunes Aveugles tout
proche. Muriel et son chien guide , couché sagement
à ses pieds, de bruyants et joyeux élèves... La
maison les connaissait par cœur, et si la carte n'était
pas en braille, Colette prenait tout son temps pour
détailler les propositions du jour , et n'omettait
jamais de ramener les viandes découpées en petits
morceaux pour ceux qui avaient du mal avec leur
couteau; on mangeait dans un brouhaha convivial
qui parfois prenait tant d'ampleur que Fernand
attrapait la grosse cloche à vache pendue derrière la
minuscule - caisse - comptoir, l'agitait violemment
pour ramener un peu de calme, c'était
sympathique, chaleureux et tellement délicieux !
Entre blanquette, pot-au-feu, bourguignon,
brandade et clafoutis crémeux inimitable et jamais
égalé, "chez Germaine" nous a fait vivre, pour trois
francs six sous des instants mémorables. A deux,
nos additions tournaient autour de 40 francs, pas
de café chez Germaine, ça prenait trop de temps, et
il fallait libérer les lieux rapidement, car toujours
du monde attendait devant la vitrine !
On retrouvait Fernand derrière sa caisse
enregistreuse, et c'était nous qui lui annoncions ce
que nous avions pris : il écrivait le total au crayon à
papier, et faisait toujours confiance à ses clients;
Nous quittions le lieu , enchantés, et remontions
gaiement la rue de Sèvres pour un petit café serré au
Duroc,
ou au François Coppée, c'était rituel !
Certains jours, disposant de davantage de temps,
nous poussions vers la Seine par la rue du Cherche -
Midi ou la rue Servandoni jusqu'à Saint Germain .
Paris -Nostalgie.....la vie ne repasse pas les plats,
surtout ceux de Germaine. La maison a été vendue,
revendue, je n'y reviendrai guère, je n'y reviendrai
pas.
Quel joli texte! On en a connus de ces lieux d'amitié et de fraternité... Certains survivent encore, mais d'autres, sont bouffés par la vie! Heureusement il nous en reste le souvenir impérissable!
RépondreSupprimerBelle journée, Fanfan!
Merci ma chère Gine pour ce gentil message
SupprimerOn irai bien déguster notre repas dominical chez elle....
RépondreSupprimerBon dimanche
Anita
Chère Anita. Germaine C est terminé depuis longtemps. Et elle fermait le dimanche ! Il faut trouver autre chose pour le repas dominical
SupprimerUne bannière de rève
RépondreSupprimerEt oui. Ainsi en est-il d Arcachon , mon pays.
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